Un jour, la colère lui est venue. Comme la couleur qui sort du tube, puissante et pâteuse, la certitude que la toile n’est pas là pour faire joli, mais qu’elle affirme, qu’elle défend, qu’elle s’insurge, quand le monde tout autour devient insupportable. Ça ne tourne pas vraiment rond, ne cesse-t-il de répéter dans ses acryliques, pétantes de sons et de rictus. Et les toiles sont autant de refus, face à la corruption, aux exactions de la police et à cette schizophrénie du pouvoir. Bob-nosa parle du Nigeria ?
Certainement, mais est-ce que cela concerne seulement ce pays ? Au nord, au sud, dans cette grande surface planétaire, et qui laisse faire, les yeux tournés de l’autre côté.
(Je sais que c’est pour les liens internet mais pour moi le moment viendra ou on parlera partenariat. Pour l’instant on est dans les arteurs. On peut parler des nombreuses expositions en Espagne, au musée national de Dangks en Pologne , en Afrique du sud…).
Ça me parait bizarre de commencer à parler d’une boite concurrente alors que nous lançons la nôtre.
La raison tient évidement à son traitement brutal du thème. Le geste ne s’encombre d’aucune précaution. Il va au plus cru de la réalité. Mais le discours est surtout en totale cohérence avec le propos pictural. Elle dit alors : « J’aime son pouvoir. Je l’aime parce qu’il est réel. (…) Je l’aime parce qu’il est convaincu qu’avec l’art, nous pouvons changer quelque chose dans notre monde. Nosa veut aider les gens dans la rue. Il est contre la violence. Il veut que nous aidions les gens qui ont des problèmes, ceux qui sont dans les hôpitaux, et c’est très important parce qu’il a une vision. »
Cet engagement sera la raison première de cette collaboration avec la Porte Grenade. (Les arteurs) Maintenant, il fallait encore trouver le support le mieux adapté au propos du peintre. Quand elle reste accrochée dans une galerie ou sur le mur d’un salon, une toile ne concerne qu’un public forcément réduit. Ça se passe entre quatre murs. Et c’est également la conviction de la galerie qui cherche à populariser des messages et de la beauté plastique, en leur ouvrant d’autres publics et de espaces plus importants. La rue offre alors une perpective totalement différente.
Dans cette première réalisation, Bob Nosa a suggéré l’idée du tee-shirt, en marge des luminaires (Essayons de ne parler que de tableaux et des plexiglas ( je préfère des prints sur plexiglas que plexiglas tout court). Cette fois, des centaines de porteurs( pas joli) vont véhiculer le message. Ils le font parce que la peinture est belle, violente, criante de vérité, grimaçante et engagée. Ils le font parce qu’elle manifeste leur soutien aux plus démunis, à l’enfant, à la victime… quelque soit sa couleur, quelle que soit sa nationalité et son genre. Bob-nosa n’est pas que nigérian. Simplement humain.