Olga
Yaméogo

Categorie

PEINTURE

Pays - Ville

FRANCE/BURKINA - CASTELNAU

LA VIE QUI PASSE, LE TEMPS QUI S’ÉCOULE


Quand elle commence à peindre, il y a une trentaine d’année, Olga Yaméogo parle déjà de nostalgie. Dans son vocabulaire de la couleur, dans les ocres, les terres de sienne, les instants du départ tiennent un rôle essentiel. Cette Afrique à laquelle elle est profondément enracinée, lui manque déjà.

 

A l’image de ces voyageurs qui gardent dans un mouchoir un peu de sable, des herbes sèches, ses toiles montrent ce déplacement imposé, la tristesse qui ne laisse aucun choix. Un jour, on s’en va… Puis la vie suit son cours. Et un nouvel équilibre se crée alors. Dans un film que RFI lui a consacré (2019), l’artiste parle aussi de  la peinture,  « comme d’une nécessité de se bâtir différemment. » Peindre participe d’une liberté qu’elle s’autorise enfin. Un moment, elle le fait en cachette, puis elle se décide à le montrer.

 

Toute la beauté de sa peinture tient donc dans ce métissage de l’inspiration. A aucun instant, elle n’a oublié la terre d’origine. C’est à la fois dans la lumière et cette « matière » que la peinture dégage. Mais au fil des années, elle s’attache de plus en plus à l’expression des sentiments.

 

Ses portraits explorent des zones très subtiles qui parlent de l’amour d’une mère, face à ses enfants. Des minutes, entre deux âges, entre deux portes, la solitude d’un adolescent, l’amusement d’une jeune fille qui découvre la liberté. « C’est cette complexité des émotions qui fascine, parce qu’elle travaille sans effet. Elle maîtrise si bien sa technique, qu’une touche minuscule de blanc dans un œil donne à la toile entière son expression », résume Kossi Homawoo, son ami depuis vingt ans. Au sens le plus exact, compagnons de route, eux aussi.

C’est cette complexité des émotions qui fascine.

Les tableaux que la galerie a sélectionnés traduisent ce souci affectueux du temps qui passe. L’Afrique n’est jamais loin. Sur la toile, et à côté de la toile, dans les yeux d’une enfant qui a grandi, et dont Olga rend la tendresse soudaine et réciproque. Comme le dit Kossi, « c’est rien, juste un éclat dans le regard, ou le commencement d’un sourire. »

 

A un moment où son travail convainc autant des galeries européennes qu’africaines, ces plexiglas pourraient être un premier contact avec l’œuvre. Olga ouvre un album subtil, qui dit le déplacement, celui qui nous touche tous : la vie qui passe, le temps qui s’écoule.